200 ans d'excellence, exposition flash sur la maison NEYRET

DU 23 NOVEMBRE 2023 AU 28 JANVIER 2024 AU MAI

Par Nadine Besse

Partenaires fidèles du Musée d’Art et d’Industrie dès le début des années 1980, les Neyret ont compris d’emblée l’importance de la communication et de la diffusion liés aux richesses du patrimoine rubanier alors en péril et qu’ils furent les premiers à enrichir des techniques numériques. Bruno Neyret (1939-2005) m’autorisa à explorer d’anciens locaux et à emporter d’abord en prêt des archives textiles et un lot incroyable de mises en carte de tableaux tissés, puis à collecter les trois derniers métiers à images de l’ancienne usine de Terrenoire. Dans les années 1990, ces éléments ont fait l’objet d’une étude scientifique en vue de restitution au grand public.

Ces riches témoignages furent mis en valeur dans l’exposition « Images de Soie, de Jacquard à l’Ordinateur » en 2004 ; un catalogue fut édité par le Musée et les Editions Somogy. (En vente à la boutique). Ce succès fut récompensé par le don de l’ensemble important des prêts.

La présentation régulière d’un échantillonnage des nouveautés de la Maison Neyret dans les salles et à l’occasion de plusieurs expositions temporaires a été poursuivie avec Thierry Neyret, (1957-2017) puis par Benoit Neyret. Neyret Frères est resté en outre l’un des plus constants mécènes de l’Association des Amis du Musée.

L’étude des archives textiles dévoile chez Neyret la précocité d’un souci peu partagé alors par d’autres fabricants de rationalisation de la production dès 1900, au titre du département majeur des étiquettes, marques tissées et tirants de bottes. Contrairement aux fabricants de nouveautés, Neyret fixe des normes de comptes de fils en chaîne qui éliminent de nombreuses heures de mise-entrain des métiers, ce qui autorise à baisser les prix de revient. Largeurs et même choix restreint de coloris pour les marques sont imposés avec succès à une clientèle mondiale.

Les libellés d’échantillons montrent en effet la pertinence des stratégies d’exportation, comme en Amérique du Sud, très peu pénétrée par la concurrence où industrie du cuir (bottes et bottines) et confection sont en plein développement.

De même les spécialités exclusives de décorations militaires et honorifiques de plusieurs pays (dont la rosette de la Légion d’honneur) sont tissées en soie naturelle.

Neyret fut le promoteur à Saint-Étienne des galons d’ornement liturgique présentés en différentes largeurs pour l’harmonie du vêtement et des accessoires sacerdotaux. Cette spécialité fait écho bien sûr à toute la gamme des tableaux tissés à thème religieux. Le catalogue reste très fourni cependant d’aimables scènes de genre très populaires en France comme à l’étranger. Démontrant la capacité technique de l’entreprise dans l’interprétation artistique, ces tableaux sont encore nommés « images de Saint-Étienne ».

Détentrice de cultures techniques avancées mises au service de l’esthétique et du luxe, l’entreprise a su demeurer un acteur et partenaire efficace de la conservation du patrimoine textile.